Un texte que je trouve beau, et important à partager. Je n’ai pas de mots pour le décrire. A lire, absolument.

Avant toute chose, tu devrais avoir le droit d’être engendré par un père et une mère qui s’aiment, au cours d’un acte sexuel couronné par un orgasme mutuel, afin que ton âme et ta chair prennent racine dans le plaisir.

Tu devrais avoir le droit de n’être ni un accident ni une charge, mais un individu attendu et désiré de toute la force de l’amour, comme un fruit qui donne du sens au couple, lequel devient désormais une famille.

Tu devrais avoir le droit de naître avec le sexe que la nature t’a donné. (C’est un abus de dire nous attendions un garçon et tu es une fille, où vice-versa).

Tu devrais avoir le droit d’être pris en compte dès le premier mois de ta gestation. A tout instant la femme enceinte devrait accepter le fait qu’elle ait 2 organismes en voie de séparation et non un seul qui s’étend. (./…)

Tu devrais avoir le droit à une profonde collaboration : l’envie d’enfanter de la mère doit être aussi grande que l’envie de naître du bébé, fille ou garçon. L’effort sera mutuel et bien équilibrée. À partir du moment où l’univers te produit, tu as le droit d’avoir un père protecteur, qu’il soit présent tout au long de ta croissance. De même qu’on donne de l’eau à une plante assoiffée, tu as le droit quand tu t’intéresses à une activité, de te voir offrir le plus grand nombre de possibilités afin que tu te développes sur le sentier que tu as choisi.

Tu n’es pas venu réaliser le plan personnel d’adultes t’imposant des objectifs qui ne sont pas les tiens, le principal bonheur que t’autorise la vie est de te permettre de t’atteindre toi-même.

Tu devrais avoir le droit de posséder un espace au pouvoir t’isoler pour construire ton monde imaginaire, de voir ce que tu veux sans que ton regard soit limité par des morales caduques, d’entendre ce que tu désires, même si ce sont des idées contraires à celles de ta famille.

Tu n’es venu réaliser personne d’autre que toi-même, tu n’es venu occuper la place d’aucun mort, tu mérites d’avoir un nom qui ne soit pas celui d’un parent disparu avant ta naissance : quand tu portes le nom d’un défunt c’est parce qu’on t’a injecté un dessin destin qui n’est pas le tien, usurpant ton essence.

Tu as parfaitement le droit de ne pas être comparé ; aucun frère, aucune sœur ne vaut plus ou moins que toi, l’amour existe quand on reconnaît l’essentiel différence.

Tu devrais avoir le droit d’être exclu de toute querelle entre tes parents, de ne pas être pris comme témoin dans les discussions, de ne pas être le réceptacle de leurs angoisses économiques, de grandir dans une ambiance de confiance et de sécurité.

Tu devrais avoir le droit d’être éduquée par un père et une mère guidée par des idées commune, ayant aplani entre eux, dans l’intimité, leur contradiction. S’il divorce, tu devrais avoir le droit de ne pas être obligé de voir les hommes avec les yeux pleins de ressentiment d’une mère, ni les femmes avec les yeux pleins de ressentiment d’un père.

Tu devrais avoir le droit qu’on ne t’arrache pas du lieu où tu as des amis où tu as tes amis, ton école, tes professeurs préférés.

Tu devrais avoir le droit de ne pas être critiqué si tu choisi un chemin qui n’était pas dans les plans de tes parents ; d’aimer qui tu veux sans avoir besoin d’approbation, et quand tu t’en sens capable, d’abandonner le foyer et de partir vivre ta vie ; de dépasser tes parents, d’aller plus loin qu’eux, de réaliser ce qu’ils n’ont pu réaliser, de vivre plus longtemps qu’eux.

Enfin tu devrais avoir le droit de choisir le moment de ta mort sans que personne, contre ta volonté, ne te maintienne en vie.

Extrait du livre « La danse de la réalité » Alexandro Jodorowsky